mardi 10 août 2010

QUE SONT NOS HEROS DEVENUS !?


(Que sommes-nous en train de commémorer en cette année 2010 à travers cette indépendance octroyée  au Cameroun, comme à presque tous les Etats Africains en 1960 ?)

L’Etat du Cameroun vient de décréter 2010, année de la commémoration du cinquantenaire de l’indépendance du Cameroun, acquise le 1er janvier 1960. Ce qui reste une démarche  tout à fait légitime pour tout rassemblement territorial qui se reconnaît des dates importantes à l’édification de son histoire en tant que nation, ou Etat, émergeant d’un ordre à un autre. Etant bien entendu, que cet autre ordre évoqué avec tant d’appréhension, est celui tout colonial, instauré à partir du XIXe siècle par l’Allemagne, la Grande-Bretagne et la France, trois nations occidentales qui se sont distinguées, à tort ou à raison, sur la scène politique camerounaise. Trois nations européennes qui d’une manière ou d’une autre, de façon inégale d’ailleurs, continuent à se manifester sur le théâtre politique camerounais ; elles qui dans le déploiement de leur démarche colonisatrice, ont instauré un ordre politique et économique, bien distinct de celui les ayant précédé, sur la terre camerounaise. Un ordre politique et économique précédent, qui était d’émanation africaine, qui voulait et vivait une Afrique divisée, subdivisée aux XVIe, XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles, pour ne citer que ces siècles-là, en plus ou moins grandes chefferies et royautés ; viables ou non dans leur fonctionnement quotidien. 
Nous n’entrerons d’ailleurs pas plus, dans la polémique, pour légitime qu’elle soit, qui concerne le côté scabreux et peut-être acrobatique cette-fois bien sûr, des différentes étapes qui ont menées à l’union, ou à la réunion en une seule nation du Cameroun Occidental et du Cameroun Oriental. Etant bien entendu que ces deux entités territoriales, au préalable, ne faisaient  qu’une en réalité[1].  Elles n’ont été séparées que par les aléas de l’histoire coloniale ; non pas de l’histoire africaine prise dans son assertion primitive, mais de l’histoire coloniale, vue comme prédatrice d’un monde qui ne lui doit rien réalité.
Mais la problématique sous-jacente, plus importante d’ailleurs, soulevée, autant par des Camerounais issus du Cameroun anglophone justement courroucés, que par des compatriotes [2]assez critiques sur le sujet, cette fois-ci appartenant à l’espace camerounais dit francophone, surfe sur le choix de cette date du 1er janvier 1960, plutôt que d’une autre pour la commémoration de ce cinquantenaire de l’indépendance du Cameroun. Car les dates de l’histoire qui restent têtues, (contrairement à ce que s’attèleraient à leur faire dire de petits malins) voudrait qu’au moment où le Cameroun Oriental est débarrassé de la tutelle française par l’obtention de l’indépendance, le 1er Janvier 1960, le Cameroun Occidental, lui, n’est libéré de la tutelle britannique qu’en 1961. Si l’on reste dans la logique mise en branle par les instances du pouvoir, quant à la commémoration du cinquantenaire de l’indépendance du Cameroun, l’on célébrerait donc à travers cette date précitée, un évènement dont l’aboutissement n’est encore que partielle au Cameroun, si l’on s’en tient à considérer le Cameroun dans sa totalité.
L’écueil, ou la bourde politique et historique semble pouvoir être digérée, si l’on ne se positionne que sur l’aspect purement symbolique de la date arrêtée. C’est-à-dire, retenir une date quelconque au pif, pour la commémoration de cet évènement dont l’impact est national ! Quoique, même en voulant rester dans l’aspect symbolique à fort relent folklorique, mais maintenant en y ajoutant malgré soi, une pointe de rigueur strictement intellectuelle, ce conventionnalisme adoptée quant à la commémoration d’un évènement aussi important, est laborieux à concevoir : il reste difficile de vouloir utiliser comme date de référence à la commémoration de l’indépendance du Cameroun,  une référence calendaire  qui reste antérieure à la libération politique du Cameroun dans son entièreté, tout parti pris mis de côté ! A moins que l’accession à l’indépendance du reste du territoire, Cameroun Occidental s’entend, ne compterait finalement que pour du beurre !?
Il reste même plus concevable de proposer une date postérieure à la proclamation des indépendances  de ces deux entités ; même si celle-ci est imaginaire ou même reposerait sur des bases historiques autres ; une date qui constaterait de fait à l’instant de son énonciation, l’indépendance effective des deux parties qui constituent l’ensemble national qu’est le Cameroun. Le respect des hommes des femmes et des enfants  qui se revendiquent citoyens de cet Etat recomposé, repose certainement aussi sur la pleine compréhension et satisfaction qu’on peut apporter à la résolution équitable de ces choses, ces événements, ces considérations  qui, si  petits, si ténus qu’ils semblent, pèsent d’un poids énorme dans la balance de l’histoire, si tant est qu’elle existe et qu’elle est respectée au Cameroun !

Célébration du cinquantenaire de l’indépendance du Cameroun, avec qui, pour qui et pourquoi ?

S’il n’y avait que ces prises de tête sur l’inadéquation de la date avancée  pour produire cette commémoration de l’indépendance du Cameroun en cette année 2010, nous nous estimerions heureux (le citoyen camerounais) de si peu de remous contradictoires soulevés en définitive, par le débat d’idées concomitant. Mais voilà, il y a certainement plus important que cela. D’énormes interrogations subsistent quant au sens politique et historique même à accorder à ce cinquantenaire de l’indépendance du Cameroun. Que sommes-nous en train de commémorer en cette année 2010 à travers cette indépendance octroyée  au Cameroun, comme à presque tous les Etats Africains en 1960 ?  Avec qui voulons-nous le célébrer ? Avec qui devons-nous le célébrer ? Et même, qui tiendrait tellement à le célébrer ? Quels sont les acteurs clés de cette célébration ? Que cachent même cette commémoration de l’indépendance du Cameroun ? Qu’elle est la place même à réserver à une certaine classe politique camerounaise qui s’est battue au cours des années 1950 pour l’indépendance totale et sans condition du Cameroun ? Et en définitive, quant est-il de l’idée de réconciliation nationale que semble agiter frénétiquement quelques acteurs politiques de la place ?
Pour trouver des débuts de réponse à la première interrogation soulevée qui est celle  du sens à donner à cette commémoration,  il nous faut replonger dans l’histoire politique du Cameroun des années 1918-1950. Car c’est bien à ce moment que va se décider le destin du pays jusqu’à nos jours.

(A suivre)
©Essombe Mouangue 2010
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La SDN et son régime scabreux de mandat
(Suite)

(La décision de cette dislocation du territoire camerounais entre la France et la Grande-Bretagne,  grands triomphateurs de la guerre de 14-18, appartient à la SDN, la Société des Nations, cette organisation internationale créée en 1920, par les vainqueurs de la guerre)

La première action d’éclat à évoquer survient au cours de la première guerre mondiale lorsque l’Allemagne, jusque-là détentrice du protectorat établi avec les chefs sawa, sur les berges du Wouri  le 12 juillet 1884, fait parti des grands perdants de la guerre de 1914-1918[3]. Les conséquences de cet état de fait pour le territoire camerounais qui vit en réalité, en témoin passif cette situation, est la scission non voulue par les nationaux[4], de l’entité en deux parties : le Cameroun Occidental et le Cameroun Oriental[5]. Et ces deux espaces vont avoir pour nouveaux tuteurs, les grands vainqueurs de cette première guerre mondiale, qui sont évidement, les Etats-Unis mis à part, la France et la Grande Bretagne[6], les deux principales nations occidentales s’étant bâti des empires coloniaux en Afrique et à travers le monde !
La décision de cette dislocation du territoire camerounais entre la France et la Grande-Bretagne,  grands triomphateurs de la guerre, appartient à la SDN, la Société des Nations, cette organisation internationale créée en 1920 (par les vainqueurs de la guerre), dont le but avoué est le maintien de la paix, mais aussi la résolution des différents problèmes diplomatiques pouvant surgir entre les Etats. Elle était aussi chargée de l’exécution des termes des différents traités signés après la première guerre mondiale entre les principaux belligérants. Elle resta toute puissante jusqu’à la première moitié du XXe siècle, avant de connaître progressivement le déclin en 1946, pour cause d’incapacité à s’opposer aux antagonismes naissants dans les années trente, qui pour certains, allaient mener au deuxième grand conflit que fut la deuxième guerre mondiale ! Les Nations Unies prendront le relais dès 1945.
Nous assistons donc à la mise sous mandat du Cameroun, dans ces années 1918 dans un régime de mandat assez subtil, édicté évidemment et en réalité par les vainqueurs de la guerre que sont la France et la Grande Bretagne. Ces nations occidentales, qui mènent la SDN au doigt et à l’œil, vont mettre en place, comme instrument régulateur de nouvelles situations territoriales issues de la guerre, trois catégories de mandat[7] à imposer aux territoires conquis, en fonction paraitrait-il, de l’aptitude de ces peuples à gagner leur autonomie.  Et évidemment, aux ex-colonies ou territoires sous tutelle de l’Allemagne, considérés semblerait-il comme assez inaptes à recouvrer leur souveraineté sur le court terme, il échoit le mandat de type B.  Mandat de type B assez flou dans son énoncé, puisque l’idée même de recouvrement d’autonomie de ces peuples est mise au conditionnel. Donc laissée à l’appréciation de la nation détentrice du mandat. Vous imaginer dès lors, toutes les prises de liberté et les abus que l’imprécision de ce genre de mandat donne volontairement voie. Si la nation détentrice du mandat, estime (pour une raison ou pour une autre) que vous n’êtes pas assez émancipé pour accéder à l’autonomie, vous restez sous sa domination autant de temps qu’elle le jugera nécessaire ! On lui a octroyé tous les droits sur vous, et vous ne devez en principe, que subir de manière passive, ses choix et éventuelles sautes d’humeur !
Et n’allez surtout pas vous plaindre auprès de l’instance plus diplomatique que juridictionnelle qu’était la SDN, dont les membres permanents n’étaient autres que la France, le Royaume-Uni, l’Italie, le Japon, et la Chine[8] ! Avouez, qu’avec une telle configuration, une telle palette de nations dont la vocation n’est aucunement de défendre les intérêts des territoires  africains, jusqu’à preuve du contraire, l’on soit arrivé à ce partage, à ce déchiquètement de l’Afrique ! Et ceci, entre les mains de nations occidentales victorieuses de la guerre, qui développent traditionnellement des reflexes colonisateurs[9] !

(A suivre)

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Au nom de quoi, la mise sous mandat du Kamerun[10] !?

(Suite)

(Le Kamerun n’ayant jamais été un territoire, ni une colonie[11] allemande, il est donc tout à fait déplacé qu’il ait à subir, d’une manière ou d’une autre, la conséquence des actes posés en Europe ou ailleurs, par son soi-disant protecteur)

L‘intégration du Cameroun et autres territoires africains, tels que ce qui deviendra plus tard, le Togo, le Ghana etc., à cette catégorie de mandat cache finalement, la volonté d’annexion de fait par ces nations, de territoires reconnus riches[12] par leurs sous-sols, leurs forêts, leurs faunes, leurs flores, etc., La perte de la guerre par l’Allemagne impériale[13], a été l’occasion idoine pour ces nations occidentales (la France et la Grande-Bretagne) de s’accaparer de ces territoires africains depuis si longtemps convoités. Nul souci d’humanisme donc à évoquer dans cette démarche prédatrice qui allait aliéner ces territoires africains à ces nations européennes. Le procédé est encore plus tordu, parce qu’il s’applique à des territoires qui sont liés à certaines nations européennes par un régime de protectorat ! Ce qui est le cas du Cameroun avec l’Allemagne[14]! C’est pour cela qu’à l’analyse, les décisions prises au sein de la SDN demeurent éminemment suspectes et même complices d’un certain establishment lié à géopolitique de cette époque d’après première guerre mondiale ! Jusqu’à preuve du contraire, il reste encore à prouver juridiquement que le traité de protectorat qui unit le Cameroun à  l’Allemagne dès 1884, le rend  solidaire des velléités expansionnistes et belliqueux (à tort ou à raison) du peuple allemand en territoire européen[15] ! Le Kamerun n’ayant jamais été un territoire, ni une colonie[16] allemande, il est donc tout à fait déplacé qu’il ait à subir, d’une manière ou d’une autre, la conséquence des actes posés en Europe ou ailleurs, par son soi-disant protecteur[17]. Et ceux-ci, pour son propre intérêt et non pour celui du Kamerun !
L’idée même de placer sous mandat le Kamerun et d’autres territoires africains, entre les mains de nations occidentales, sous prétexte que ces peuples seraient inaptes à se gouverner, ne tient pas du tout la route. Si l’on s’en tient à un point de vue philosophique ou…

(A suivre)

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Au nom de quoi, la mise sous mandat du Kamerun

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(Les Africains n’ont pas attendu l’arrivée des Blancs sur leur territoire pour apprendre à vivre en commun, ni à s’organiser au sein de royaumes plus ou moins florissants.)

L’idée même de placer sous mandat le Kamerun et d’autres territoires africains, entre les mains de nations occidentales, sous prétexte que ces peuples seraient inaptes à se gouverner, ne tient pas du tout la route. Si l’on s’en tient à un point de vue philosophique ou même anthropologique, les Africains n’ont pas attendu l’arrivée des Blancs sur leur territoire pour apprendre à vivre en commun, ni à s’organiser au sein de royaumes plus ou moins florissants. L’Afrique, continent berceau de l’humanité, donc de l’histoire de l’homme évoluant de l’état animal à homo erectus[18], ne pouvait qu’avoir développé au moins, des sociétés au fonctionnement viable[19] (bien avant l’organisation en société fortement hiérarchisée observée en territoire européen). Des groupements humains africains, au sein desquels on retrouvait aussi des strates évidentes d’organisations, politique, économique, philosophique, sociale et culturelle. Que le monde occidental ait accusé au cours de ses siècles derniers[20], une avancée technologique assez conséquente, pour des raisons assez évidentes d’ailleurs[21], au point de se rendre maître des océans[22],  ne lui donnait en rien le droit de décréter comme la norme universelle, leur système de développement politique et économique. Imbue de l’histoire de leur monde, ils sont venus en êtres ignorants de l’histoire de cette Afrique qu’il semblait découvrir, oublieux qu’ils étaient de leur propre antériorité historique[23].  Et n’ayant pas voulu accorder de respect à ces peuples dont ils ne savaient finalement rien, ils ont choisi la voie des armes, les armes comme cheval de Troie pour s’imposer dans ces territoires et pays tant convoités ; les armes ou le spectre de la puissance armée[24]comme arme civilisatrice[25] devant entraîner, faciliter l’installation des autres données[26] de leur civilisation sur cette terre africaine, où a germé les plus vieilles civilisations du monde.

(A suivre)

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La loi du plus fort

(Suite)
(C’est la loi du plus fort qui dicte le commerce mondial et rend si peu équitable, les échanges entre les nations)


L’histoire de l’humanité, de manière générale[27], au stade actuel de développement de l’esprit humain donne encore la part belle, à la loi du plus fort. Et cette utilisation de la loi du plus fort, explique à souhait, l’ordre du monde que les nations dites faibles subissent actuellement au sein du contexte international[28]. C’est cette loi du plus fort qui permet aux nations dites fortes de posséder l’arme atomique, tandis que celle-ci est quasiment interdite à celles dites faibles, sous prétexte qu’elles n’en saurait disposer avec autant d’efficience que ces nations dites fortes[29] !
C’est cette loi du plus fort qui dicte l’organisation du commerce mondial et rend si peu équitable, les échanges entre les nations. Car aucune logique ne pourrait expliquer que l’on décide de fragiliser le tissu économique de pays en voie de développement, au profit de celui de nations occidentales aux machines économiques si bien huilées ! La baisse des tarifs douaniers et la fin des politiques protectionnistes, à l’ordre du jour au cours de cette nouvelle décennie, pour les pays qui ont ratifiés cette sulfureuse convention, vont avoir des effets néfastes sur les pays africains. Et ceci, tant que la philosophie des échanges entre nations développées et pays en voie de développement, n’est pas redéfinie dans le sens d’une réelle prise en compte des besoins de jeux économiques, non pas du monde occidental[30], mais de ceux de l’Afrique ! Tant que l’Afrique n’aura pu, de manière unilatérale, rompant avec l’idéologie prématurée du mondialisme, ramener son développement au niveau de celui des pays développés ; pour qu’alors, il puisse y avoir l’instauration d’échanges et de passerelles véritablement équitables entre économies équivalentes, sans toutefois être de même nature, si possible - car, il s’agit bien de parvenir à cette finalité- ; tant que l’Afrique n’aura pas pu faire état de l’équivalence de son système de développement économique avec l’Occident, elle sera toujours perdante dans toutes formes d’échanges qu’elle aura avec ce mastodonte de croissance qu’est l’Occident !

(A suivre)

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La responsabilité des nations mandataires

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(Le procès de la colonisation car, il faut qu’il y en ait un, (en ce qui concerne au moins le Cameroun) se doit de commencer par ce point : celui de la mise sous mandat du Cameroun oriental et Occidental au profit de la France et de la Grande Bretagne.)
(Il devient donc qu’étonnant qu’au sortir de la guerre de14-18, le territoire camerounais soit résenté aux yeux de la rre)
Tous ces éléments considérés, il devient donc qu’étonnant qu’au sortir de la guerre de 14-18, le territoire camerounais soit présentée aux yeux de la communauté internationale comme trophée de guerre[31], autant que l’Allemagne elle-même qui va en pâtir à juste titre dans sa territorialité[32]. Elle, par contre, limitera quand même les dégâts, comparativement à ce qui va arriver au territoire camerounais qui va être partagé en deux
On peut s’interroger s’il n’y avait pas moyen humainement, de faire autrement que de recourir à cette dislocation de fait d’une entité qui pouvait s’en passer !? Surtout quand on sait qu’il y a eu une demande d’autonomie sur le territoire, formulée par les chefs sawa[33] ? Le droit international lui-même, légitime-t-il le choix commis par la SDN de découper[34] le territoire camerounais et de le confier entre les mains des nations victorieuses de la guerre ? Un territoire sous protectorat peut-il être raisonnablement confondu à une colonie ? Peut-il être l’objet du même traitement à infliger éventuellement à une colonie ? La France et l’empire britannique n’ont-ils pas vu seulement en ces territoires, des bases arrières où, il leur serait loisible de puiser d’énormes richesses !?
Le procès de la colonisation car, il faut qu’il y en ait un, (en ce qui concerne au moins le Cameroun) se doit de commencer par ce point : celui de la mise sous mandat du Cameroun oriental et Occidental au profit de la France et de la Grande Bretagne. La commémoration de ce cinquantenaire, doit être l’occasion pour les dirigeants[35] du pays de se poser des questions sur le déroulement de cette mise sous mandat  et d’obtenir des réponses cohérentes sur les choix adoptés par la communauté internationale, en la personne de la SDN.
(A suivre)

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La responsabilité des nations mandataires

(Suite)
(Il s’agit donc, à chaque étape de notre confrontation avec les nations occidentales de résoudre les questions qui sont restées trop longtemps en suspense)


Mais, il ne suffit pas seulement de se poser des questions, d’instituer un débat à l’intérieur du pays, il faut aussi pointer du doigt chacun des protagonistes de l’affaire ; d’exiger d’eux, la reconnaissance de leurs responsabilités sur ce qui s’est passé ; d’éventuellement d’obtenir réparation des préjudices commis à l’endroit des peuples concernés. Et que l’on n’aille pas nous dire que les protagonistes de ces événements ne sont plus présents. L’Allemagne[36], l’Etat britannique et l’Etat français restent solidaire en droit, en tout temps, des actions entreprises ici et ailleurs, par leurs appareils et hommes d’Etat !
Il s’agit donc, à chaque étape de notre confrontation avec les nations occidentales de résoudre les questions qui sont restées trop longtemps en suspense. Et des questions, il y en a légion, tant l’histoire de nos relations  avec la Grande-Bretagne, mais surtout la France[37]  semble déséquilibrée. Comme toutes ces interrogations et dissensions  qui vont surgir dans les années 50, période qui nous intéresse nommément, lorsque les Kamerunais vont se mettre de nouveau dans une optique de revendication d’autonomie de leur territoire. Formulation d’autonomie, qui contrairement aux années 1919, dont les leaders de ces revendications étaient simplement les chefs sawa et leurs notables, va être maintenant récupérée principalement aussi par des syndicalistes et des hommes politiques du terroir.

Les revendications indépendantistes des Kamerunais

La première guerre mondiale achevée sur tous les fronts, à 1918, le Cameroun mis sous mandat au profit de la France et de le Grande-Bretagne, ces deux nations vont s’atteler à occuper la place laissée vacante par l’Allemagne impériale. Les faits marquants de cette occupation va être la mise en place dans les territoires, de l’administration coloniale et de la politique de prédation économique, appliquée majoritairement dans les colonies
                      
(A suivre)

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(A SUIVRE)



[1] Ce n’est qu’en 1918 qu’intervient la scission de l’entité territoriale camerounaise, lors de sa mise sous mandat par la SDN (Société des Nations) au profit de la France et de la Grande Bretagne.
[2] Hommes politique, membres de la société civile et leaders d’opinion.
[3] L’Allemagne, l’Autriche, la Bulgarie, la Hongrie, l’Empire Ottoman sont les grands perdants de cette première guerre mondiale. Ils vont d’ailleurs payer leur défaite au prix fort, que ce soient dans leurs bases territoriales originelles que dans leurs possessions lointaines, cette fois-ci sur le continent africain et asiatique.
[4] Dès 1919, les Duala avaient demandé à la Conférence de la paix de Paris, qui allait aboutir au  Traité de Versailles du 28 juin 1919, qui consacrait le départ des Allemands du Cameroun, que le Cameroun soit désormais considéré comme un pays neutre, c’est-à dire qu’il soit exempte de toute domination d’un pays étranger quelconque.
[5] Entendez respectivement, le Cameroun Francophone et le Cameroun Anglophone.
[6] N’oublions pas d’inclure dans ce trio de tête des nations européennes à la tête de la colonisation, l’Espagne et le Portugal.
[7]Les mandats de type A furent établis pour les anciennes colonies turques, pour lesquelles l'assistance devait durer quelques années seulement. Parmi ces États, l’Irak et la Palestine furent attribués au Royaume-Uni ; l’Irak obtint son indépendance en 1932, et la Palestine, après de considérables dissensions internes, se scinda en 1948, en deux principaux États : Israël et la Transjordanie (qui devint plus tard la Jordanie). La Syrie et le Liban furent attribués à la France ; la Syrie obtint son indépendance en 1936, et le Liban en 1941.
Les mandats de type B stipulaient que la puissance chargée de l’assistance était responsable de l’administration et de la promotion du bien-être des populations concernées, mais n'étaient pas conçus dans une perspective d'indépendance à court terme. De telles administrations furent établies pour les ex-colonies allemandes d’Afrique centrale, qui constituent aujourd'hui la Tanzanie, le Rwanda, le Burundi, le Togo et le Cameroun, et pour certaines régions de l'actuel Ghana.
Les mandats de type C, par lesquels la puissance chargée de l’administration était autorisée à gérer les territoires sous mandat comme s’ils faisaient partie intégrante de son propre système colonial ou territorial, furent établis pour les territoires qui constituent aujourd’hui la Namibie, la Papouasie-Nouvelle Guinée, l’État indépendant des Samoa occidentales et les petites îles de l’océan Pacifique. (Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.)
[8] Les États-Unis, grand partenaire politique et économique de quelques-unes de ces nations n’ont jamais adhéré à la SDN. Une raison de plus qui expliquerait la fragilité de cet organisme international, qui a eu tant de mal à gérer les conflits surgissant de par le monde. 
[9] À partir des années 1870, les partisans de la colonisation apportent un soutien de plus en plus systématique à l’entreprise coloniale, et la justifient par de multiples arguments. L’importance des empires coloniaux apparaît désormais comme un des critères de la puissance des pays occidentaux. Aussi, la rivalité des pays européens conduit à ne laisser aucun territoire inoccupé sous peine qu’il ne passe sous la domination d’un pays colonisateur concurrent. La nécessité de prendre place dans le commerce mondial impose également de posséder des bases navales et commerciales en divers points du globe. Du point de vue économique, les colonies sont également présentées comme des zones riches en ressources, où l’on peut puiser dès que nécessaire. En outre, pour la France, l’empire colonial est envisagé en tant que vivier humain, dans la mesure où, face à l’Allemagne, elle souffre d’un déficit démographique dont elle redoute les conséquences en cas de conflit. Enfin, les pays colonisateurs se sentent investis d’une mission civilisatrice auprès des peuples coloniaux, jugés barbares. (Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.)
[10] Le Kamerun avec K, est la terminologie d’origine, utilisée dès la signature du protectorat avec  l’Allemagne. Le Cameroun avec C et autres lettres, intervient avec la tutelle de la France sur le Cameroun.
[11] Territoire ou pays occupés par un autre. Ce qui a été le cas de la plupart des territoires africains voisins du Kamerun.
[12]Ne parlons surtout pas de la pratique barbare qu’à constituée la traite négrière encore appelée, « commerce du bois d’ébène ». Les chiffres reconnus de cette exploitation de l’homme par l’homme, s’élève au minimum, à 15 millions de Noirs déportés vers les Amériques et les territoires d’outre-mer ! 
[13]En 1884, lors de la signature du protectorat germano-camerounais, l’Allemagne est encore un empire dirigé par le Kaiser Guillaume IER (1871-1888) suivi plus tard par le règne de Guillaume II (1888-1918) qui assistera évidemment à toutes les joutes, (de très loin, reconnaissons-le) à toutes les dissensions opposant son empire à la communauté sawa de l’époque.
[14] Protectorat : en droit international, régime juridique établi en vertu d'un traité international et selon lequel un État suspend l'exercice autonome de certains des attributs de sa souveraineté (notamment la défense, la politique étrangère et le maintien de l'ordre) pour les mettre sous le contrôle et l'administration d'un autre État. Quel que soit le degré d'ingérence de l'État protecteur qui peut s'apparenter à un contrôle de fait, l'État protégé conserve sa souveraineté propre, ce qui le distingue d'une colonie ou d'un territoire sous mandat. (Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.)
[15] A la fin de la guerre, « La principale préoccupation des Duala, était de se fixer sur leur avenir. Beaucoup d’entre eux pensaient en 1914 que le Traité de 1884 avait expiré, tandis que d’autres estimaient qu’il devenait caduc dès lors que les allemands étaient chassés du pays. Aussi un sentiment était largement répandu selon lequel l’avenir du peuple devait être négociés »Samè Théodore : les Duala : de la contestation anticoloniale au compromis. 1884-1938. Mémoires DIPES II. Octobre 1989. P. 76
[16] Territoire ou pays occupés par un autre. Ce qui a été le cas de la plupart des territoires africains voisins du Kamerun.
[17] Dès le début des années 1900, pour maintes raisons que nous n’allons pas énumérer ici, les relations entre Camerounais et Allemands, n’étaient plus déjà au beau fixe. L’expropriation des Duala de leurs terres du plateau Joss entamée à partir de 1911, avaient mené à la rupture entre eux et les dirigeants légitimes du pays. Les conséquences en furent, l’exécution du roi Dualla Manga bell, de Ngoso Din et quelques autres peines privatives de liberté à l’endroit de nationaux.
[18] Il est maintenant établi à partir des études effectuée sur l’ADN que l’être humain, ou ses grands singes que nous sommes,  ait passé la majeure partie de son développement en Afrique, avant pour lui d’aller peupler les autres continents. L’Europe n’étant que le sol de sa dernière migration sur la planète terre.
[19] Puisque la majorité des expérimentations sociétales primitives ou même postmodernes, se sont déroulées en Afrique, avant qu’elles n’aillent éclore surs les autres continents.
[20] Si l’on s’en tient à la chronologie des civilisations ayant dominé le monde, l’Egypte qui s’est maintenue pendant plus de trois mille ans (3000 ans Av. J,-C.,) comme civilisation phare du monde, n’a pas de suivante immédiate. La suprématie des civilisations occidentales sur le monde, débuté avec la Grèce antique (vers 800 Av. J,-C.,)  et, entrecoupée de passation de pouvoir entre les différentes zones de civilisations occidentales, jusqu’à la prise de contrôle actuelle par les Etats-Unis d’Amériques, n’est au plus que d’une vingtaine de siècles.
[21] L’inhospitalité du climat du continent européen, avec ses températures plus ou moins basses, est l’une des causes les plus déterminantes, qui explique à souhait, par un effet boule de neige, l’avancée technologique et économique constatée dès le moyen-âge européen de (476 au XVe siècle) et même, bien avant.  
[22] Dès le XIVe siècle les premiers explorateurs européens parviennent en Afrique. La côte camerounaise est atteinte par l’estuaire de la Sanaga, en 1472 par le navigateur portugais Fernando Poo. Sans demander leur avis aux autochtones qui avant son arrivée sur les lieux, utilisaient certainement une appellation pour nommer cette zone, Il l’a baptisera rio dos camaroĕs (rivière des crevettes). D’où le nom Kamerun !
[23] Redisons-le, il a été enfin prouvé par les récentes recherches effectuées sur l’ADN humain, entre autres, qu’il n’existe qu’une seule race, issue bien évidemment du sol africain ; une race africaine qui aurait essaimé dans le monde entier, subissant les métamorphoses, dues aux sols et aux climats, rencontrées dans sa marche prédatrice à travers la planète. Nous supposons que si ces données, à l’époque des voyages des navigateurs et explorateurs européens, avaient été connues, les communautés scientifiques européennes du 17ième, 19ième siècles, ne se serait pas demandées si elles se trouvaient en présence d’êtres humains, d’animaux ou de créatures diaboliques ! Vu que cette créature africaine, scrutée avec tant d’ignorance et de mépris, n’était autre que soi-même considéré dans un prisme assez lointain, trop lointain pour qu’ils (les européens) puissent établir la correspondance avec les êtres humains superficiellement autres qu’ils étaient devenus.  
[24] Rien que l’idée de puissance militaire supposée de ces nations occidentales, entretenue auprès de ces potentats africains de l’époque, a suffi pour prendre le contrôle de bien territoires !
[25]Grosso modo,  la colonisation s’est faite de deux manières en Afrique. Soit par l’annexion militaire de territoire, qu’il y ait eu une véritable lutte armée, comme dans le cas de Béhanzin (1844-1906), Chaka Zulu (1787-1828) etc., Le deuxième procédé  a consisté à établir des protectorats avec les royaumes et les chefferies rencontrés sur le terrain. Ce qui est le cas du Kamerun. Mais cette deuxième approche, toute comme la première, par une malignité toute étudiée, n’a aboutit qu’à l’annexion de fait de ces territoires par ces puissances étrangères, qui ne comptaient en aucune manière, avoir des comptes à rendre à ces dirigeants africains de l’époque, considérés inférieurs, voire même de barbares. Dans un cas comme dans un autre, ce fut un marché de dupe qui aboutit à la prise de contrôle pure et simple de ces territoires au profit de forces étrangères dominantes.
[26] Les langues, les religions, les mœurs vécues en milieu occidental, etc.,
[27] *Et cette loi du plus fort, s’applique autant, reconnaissons-le lorsque les protagonistes sont exclusivement Blancs, Jaunes ou Noirs. C’est un aspect du développement de l’esprit humain qui nous rapproche encore plus de notre antériorité animale que de notre conquête humaine. Mais qu’est-ce que c’est que l’être humain, sinon une entité essayant de s’éloigner de plus en plus de ses origines animales ! N’empêche qu’il est loin de s’être départi de son animalité primitive !
[28]* L’ONU qui est l’organisation internationale ayant succéder à la SDN, a pour pays possédant le droit de véto : les Etats-Unis, la Russie, la Grande-Bretagne, la France et la Chine. Aucun pays africain ou arabe, n’apparaît dans cette nomenclature, qui est sensée décider au plan international, de leurs intérêts !
[29] *Les deux bombes qui furent lâchées Hiroshima et Nagasaki en 1945 lors de la seconde guerre mondiale, et qui firent près de 120 000 victimes, augurent-elles d’une maîtrise d’utilisation de l’arme atomique par ces nations dites fortes !?
[30] *Quelles sont en réalité les besoins du monde occidental ? Sont-ils différents de ceux de l’Afrique ?  Oui ! parce que s’appuyant sur la philosophie d’un fonctionnement capitaliste, le monde occidental est embarqué dans une surenchère de besoins dont on pourrait raisonnablement se passer, à moins que le destin de l’homme soit d’être logé dans une angoisse, une fuite en avant perpétuelle. Les besoins primaires satisfaits par les économies africaines, l’on pourrait penser à une redéfinition des besoins indispensables à la vie en milieu africain. Ce qui implique le choix d’autres politiques économiques, différentes de celles  actuellement proposées par le monde occidental. Et cette réflexion ne pourra être menée que par des africains qui se seront affranchis des systèmes de pensées actuellement célébrés majoritairement par les nations occidentales.
[31] Dès le mois d’août 1914, une opération franco-britannique permet aux Alliés de prendre possession du Togo allemand. En septembre, le Cameroun est simultanément envahi par les Britanniques venus du Nigeria, et par les Français de l’Afrique-Équatoriale française. Les Allemands n’y cessent les combats qu’en février 1916. (Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.)
[32] Au sortir de la guerre de 14-18, après la signature du Traité de Versailles le 28 juin 1919, la France récupère l’Alsace et la Lorraine faisant précédemment parties du territoire allemand.
[33] Dès 1919, à la Conférence de la paix de Paris, les Duala qui n’étaient plus déjà en très bons termes avec les Allemands pour des raisons internes à la gestion du territoire, avaient demandé que le Cameroun soit désormais considéré comme un territoire neutre. (Source : Le paradis Tabou de Valère Epée) – lire aussi le Ngondo de Ndoumbe Moulongo. Bien avant l’UPC et ses dirigeants, les revendications autonomistes des Camerounais trouvaient déjà sourde oreille auprès des occidentaux qui n’avaient cure de satisfaire leurs revendications légitimes.
[34] A la fin de la guerre de 14-18, Les puissances européennes victorieuses cherchent à obtenir des Empires centraux des réparations d’un montant égal au coût total de la guerre, et se distribuent les territoires et les possessions des vaincus, en vertu d’accords secrets conclus avant l’entrée en guerre des États-Unis. (Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.)
[35] En amont, des juristes, des politologues et des historiens camerounais ou africains doivent être commis pour discuter et établir la responsabilité de tout un chacun, dans ce qui a été le partage justifié ou non, du territoire camerounais entre les mains de ces puissances étrangères
[36] Le débat avec l’Allemagne, signataire du protectorat en 1884 avec le Kamerun, est loin d’être clos aussi, malgré le fait que l’histoire contemporaine du Cameroun, dès les années 1918 est plutôt le fait de la France et de la Grande-Bretagne. Les exécutions des Douala Manga Bell, Martin Paul Samba Mayola et autres, méritent encore d’être ramenés  sur la place publique pour qu’on puisse aux yeux de l’équité, en trouver les réelles justifications  et établir enfin les responsabilités.
[37] L’histoire contemporaine du Cameroun, depuis l’accession à l’indépendance et la réunification des deux territoires en 1972, à pour acteur principal la France, la Grande-Bretagne ayant mis plus de distance entre ses anciens protégés africains et elle. 


Consulter aussi : 


musiquescamerounaises.blogspot.com

marevuedepressec.blogspot.com